UPR PACA-Corse
Unité Pédagogique Régionale de l'enseignement en milieu pénitentiaire
Provence Alpes Côte d'Azur et Corse
 

Des ateliers artistiques menés à Luynes, au Pontet et à l’EPM s’exposent au FRAC

jeudi 24 mars 2016, par A. Thibaud

L’expérience de la rencontre / Du 4 mars au 10 avril 2016
Cette exposition présente le récit d’ateliers de pratiques artistiques menés au sein de 3 établissements pénitentiaires avec trois artistes plasticiens :
Denis Brun au Centre Pénitentiaire est intervenu à Avignon pour un atelier de peintures collectives, Marie Ducaté, pour un atelier d’aquarelle sur calque à la Maison d’arrêt d’Aix-Luynes et Olivier Rebufa pour un atelier de pratique photographique à l’EPM.

Peintures molles à plusieurs mains

au CP Le Pontet

Projet conçu et réalisé par le Frac, Denis Brun, artiste plasticien et Aurélie Festa et Laure Sultana du centre scolaire du Centre Pénitentiaire d’Avignon.
Les 12 participants de cet atelier ont créé à plusieurs mains ces images composées de peintures, collages, dessins, écritures…
« Lorsque je suis arrivé pour la première fois au Pontet, je savais que rien n’était gagné d’avance. L’intention de cet atelier était de permettre aux participants de pratiquer : la peinture abstraite, la peinture figurative, le collage et l’autoportrait, sur un seul atelier et de les es amener à produire une oeuvre collective qui serait la somme de gestes et de pratiques individuelles.
J’ai commencé par présenter mon parcours professionnel et mon travail d’artiste pour donner un exemple de personne n’ayant pas su trouver sa place dans le système et qui par la suite s’est totalement épanouie dans l’art et la création.
Les 12 participants à l’atelier ont accepté de jouer le jeu en peignant 10 peintures les unes après les autres, et de manière collective. Ils ont mélangé leurs gestes de nouveaux peintres sur une même feuille et ont pris le temps de regarder le travail de l’autre, de donner leur avis, et d’apprécier ce qu’ils faisaient.
Lors de la dernière séance, nous avons plastifié au scotch, la totalité des peintures sur papier (10 peintures de 1m/1m50). De ce fait ils ont vu qu’on pouvait unifier un travail collectif et personnel, par son aspect final.
Je n’ai certes pas révolutionné leur façon de voir les choses mais je crois qu’ils ont compris que les réticences qu’ils avaient par rapport à l’art contemporain pouvaient très bien cohabiter avec le fait qu’ils avaient apprécié passer ce temps à réfléchir, inventer et composer avec des éléments simples comme des pinceaux, de la gouache, des ciseaux, des magazines, et du scotch. »
Denis Brun

D’après La tendresse des pierres

à la MA de Luynes

Projet conçu et réalisé par le Frac, Marie Ducaté, artiste plasticienne et Jean Garcin, enseignant au centre scolaire du Centre Pénitentiaire d’Aix-Luynes.

Les participants de l’atelier ont travaillé à partir des bandes dessinées duPrix littéraire des lycéens pour explorer la couleur et expérimenter l’aquarelle en profondeur et sur différents supports. Libre à eux de reprendre un sujet, un dessin pour jouer avec l’eau, les couleurs et découvrir les subtilités de la transparence.
Une seconde étape a consisté à changer de support papier, du papier aquarelle au papier calque. Par des jeux de pliages, froissages, découpages… ils ont donné du volume à ses calques pour en faire des productions en trois dimensions.
« Lorsque le Frac m’a proposé d’intervenir à la Maison d’arrêt de Luynes, j’ai pensé de suite à ceci : que manque t’il ici ? La liberté, la douceur, la poésie, la beauté...
J’ai voulu travailler avec l’aquarelle pour appuyer sur les mots délicatesse, beauté, douceur.
J’ai montré la différence entre ce pigment fin et transparent qui permet d’affiner le sens de la couleur et du geste. La dépose du pinceau sur le papier avec l’eau, jouer avec pour se concentrer uniquement sur ce que l’on voit arriver entre le blanc du papier et l’aquarelle.
Ensuite, expérimenter un autre papier, puis demander de froisser son dessin, c’est un geste très fort, que l’on a du mal à accomplir, c’est se surpasser pour que l’oeuvre advienne,
C’était très beau de voir les mains respecter le pinceau, ne pas mélanger les couleurs en rinçant entre chaque intervention, s’inspirer les uns des autres tout en s’appropriant les matières, et voir la légèreté, la lumière, sortir de toutes ces mains.
Sentir que, par moments, l’oubli d’un réel dur advient par la beauté, c’est ce que les sourires m’ont dit. Nous étions un groupe qui avait plaisir à essayer sans préjugés.
J’espère que nous pourrons faire une exposition qui montrera le chemin accompli, au travers de propositions simples qui rejoignent pourtant les préoccupations des artistes de notre temps. »
Marie Ducaté

Autoportraits

à l’EPM

Projet conçu et réalisé par le Frac, Olivier Rebufa, artiste photographe et Sonia Mahdid et Jean Eliot éducateurs du service éducatif de l’EPM.
Olivier Rebufa est un artiste qui aime rencontrer les autres. Il anime des ateliers depuis plusieurs années avec des publics d’horizons très différents.
Pour cet atelier, Olivier a proposé un travail sur l’autoportrait ou comment se représenter soi-même, ce qu’il interroge lui-même dans son oeuvre. Il intègre son image dans un monde réduit, à l’échelle de poupées et de jouets et bascule dans un monde fictionnel, onirique où les fantasmes de chacun peuvent s’exprimer.
Après une présentation de ses photographies et de son travail, il invite les participants à se saisir d’un crayon de papier et à croquer la scène qu’ils souhaitent réaliser en quelques traits.
Des cinq participants à l’atelier, trois sont partis sur des idées proches de certains travaux d’Olivier Rebufa et deux, sans se concerter, ont dessiné des situations sur des îles désertes.
Après cette première phase décisive, le groupe a travaillé avec l’artiste pour la prise des autoportraits en tenue et en position.
Chacun a ensuite construit son décor à l’échelle d’une maquette afin d’y intégrer son autoportrait découpé pour la prise finale. Le choix des accessoires, limités et toujours caricaturaux emmène d’emblée la composition dans un monde fictionnel que chacun a vraiment investi.
La dernière des cinq séances a été un moment partagé où chaque jeune a pu s’exprimer sur ses choix et sa réalisation. Après avoir trouvé un titre à son image, s’être confronté au résultat, la magie de la deux-dimension opère et fait disparaître toute frontière entre les échelles et le réel et la fiction.
La construction de ces photographies « d’atelier », loin de celles des médias en prise directe avec le réel, ont suscité l’intérêt, l’implication et les discussions entre les participants et les autres jeunes de l’EPM même en dehors de l’activité.

 
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